sábado, 2 de junio de 2012

"EL BAÑO DE UNA DAMA ROMANA", Alfred de Vigny.

Una esclava de Egipto, de tez negra y brillante,
de rodillas le muestra un espejo de acero;
para atar sus cabellos una virgen de Grecia
con la curva lunar une su trenza doble;
está en manos su túnica de mujeres milesias
y se lavan sus pies en jofaina de leche.
En un mármol oval jaspeado de púrpura
aguas de color rosa bañan todo su cuerpo;
luego acuden sirvientas de las tierras latinas,
vierten suaves perfumes en sus brazos inertes,
y velando los rayos de una luz importuna
bajo pliegues espesos de la púrpura untuosa,
voluptuosas descienden claridades sobre ella;
unas rompen al paso las coronas de flores,
sus colores dispersan con su rápida mano
y rociando las aguas, como lluvia, en la fuente;
su estallido de aromas cubre a la soberana,
que al azar pulsa cuerdas de su áurea lira,
piensa en el joven cónsul y se duerme en sus sueños.

Alfred de Vigny.

 ORIGINAL EN FRANCÉS:

 LE BAIN D'UNE DAME ROMAINE 

Une Esclave d'Egypte, au teint luisant et noir,
Lui présente, à genoux, l'acier pur du miroir ;
Pour nouer ses cheveux, une Vierge de Grèce
Dans le compas d'Isis unit leur double tresse ;
Sa tunique est livrée aux Femmes de Milet,
Et ses pieds sont lavés dans un vase de lait.
Dans l'ovale d'un marbre aux veines purpurines
L'eau rose la reçoit ; puis les Filles latines,
Sur ses bras indolents versant de doux parfums,
Voilent d'un jour trop vif les rayons importuns,
Et sous les plis épais de la pourpre onctueuse
La lumière descend molle et voluptueuse :
Quelques-unes, brisant des couronnes de fleurs,
D'une hâtive main dispersent leurs couleurs,
Et, les jetant en pluie aux eaux de la fontaine,
De débris embaumés couvrent leur souveraine,
Qui, de ses doigts distraits touchant la lyre d'or,
Pense au jeune Consul, et, rêveuse, s'endort.

Alfred de Vigny.

  Pintura: "A favorite custom" ("Una costumbre favorita"), Lawrence Alma Tadema (1909), Tate Gallery, London.